BYZANCE A L’ÉPOQUE DES CROISADES 11 dent et l’Orient fut désormais — et pour trois siècles et demi, — pour l’empire byzantin la question vitale, pour l’Europe chrétienne l’une de ses plus graves difficultés. Malgré les solutions diverses essayées pour résoudre le problème, rien d’efficace ne sortit de ces efforts, ni au point de vue politique, ni au point de vue religieux. Mais de ce contact prolongé des deux civilisations, de ces rapports, mauvais souvent, mais fréquents et étroits, résultèrent pour Byzance d’importantes conséquences sociales. La société byzantine, si fermée jusque-là aux influences latines, se transforma profondément par elles au eours de cette période. Comment s’accomplit cette pénétration des idées et des mœurs occidentales à Byzance? Comment, et dans quelle mesure aussi, le monde grec, si réfractaire en apparence, prit-il à ce contact un aspect nouveau? C’est ce qu’il faut maintenant brièvement expliquer. II On sait comment presque chacune des croisades eut pour conséquence la fondation d’un état latin en Orient. Dans la Syrie, reconquise à la fin du xi° siècle, s’épanouit comme par enchantement toute une floraison de seigneuries féodales, royaume de Jérusalem, principauté d’Antioche, comtés d’Édesse et de Tripoli, sans parler des moindres baronnies. A la fin du xii® siècle, la troisième croisade prit Chypre en passant, et les Lusignan y fondèrent un royaume, qui fut pendant deux siècles le plus riche, le plus prospère de tous les états de l’Orient latin. La quatrième croi-