260 FIGURES BYZANTINES Elle avait raison : la disgrâce de son fils était proche. Par ordre de l’empereur, Cantacuzène reçut des lettres qui le destituaient de toutes ses charges. En même temps ses biens étaient confisqués, partagés entre ses ennemis; et tous ceux qui l’insultaient étaient récompensés. Ses amis, entraînés dans sa chute, voyaient leurs maisons pillées; sa mère arrêtée était jetée dans une des prisons du palais. Il ne lui restait qu’un parti à prendre, résister par la force et se proclamer empereur. Avant de s’y résoudre, il voulut une dernière fois rappeler à la régente la volonté du défunt basileus et les serments solennels par lesquels elle s’était engagée envers lui : on ne lui renvoya que des injures. Alors il se décida. A Didymotique, le jour de la Saint-Démétrius (8 octobre 1341), il posa sur sa tête la couronne impériale. Toutefois, pour bien marquer qu’il n’était point un rebelle, il voulut que, dans les acclamations qui saluaient son nom et celui de sa femme, la première place fut réservée à l’impératrice Anne et à son fils Jean, et, durant la cérémonie religieuse, il fit pareillement mentionner le basileus et sa mère et même le patriarclie Jean. Il déclarait en outre qu’il n’avait d’autre but que de défendre et de consolider le trône, du jeune souverain qu’Andronic III avait confié à son dévouement; et, trois jours après le sacre, il quittait la pourpre pour s’habiller de blanc, « ainsi qu’il est d’usage pour porter le deuil d’un empereur ». Il entendait par là encore marquer la fidélité qu’il gardait au souvenir d’un prince qu’il aimait « comme un frère », et, pendant dix ans, jusqu’au jour où il entra en maître dans Constantinople, il continua à porter le deuil. En même temps il rappelait une der-