L'IMPÉRATRICE IRÈNE DOUKAS 55 Du mariage essentiellement politique qu’il avait contracté, Alexis avait tiré tout le profit qu’il en pouvait espérer : il était empereur. Il ne semble point qu’il ait jugé nécessaire de témoigner une bien longue reconnaissance à une princesse qu’il n’aimait point. Fort épris, à ce que dit la chronique, de la femme de son prédécesseur, la belle impératrice Marie d’Alanie, circonvenu par sa mère, qui haïssait farouchement les Doukas, le Comnène paraît bien, dès le lendemain de sa victoire, avoir pensé à se débarrasser de sa femme par un divorce. Il fallut, pour que dans les acclamations impériales le nom d’Irène fût associé au sien, que l’amiral Georges Paléologue déclarât avec une brutale netteté : « Ce n’est point pour vous, les Comnènes, mais pour Irène que j’ai travaillé », et qu’il ordonnât à ses matelots d’acclamer le nom de la jeune princesse. Il fallut, pour qu’Alexis se décidât à faire solennellement couronner Irène comme impératrice, sept jours d’ailleurs après que lui-même eût reçu l’onction sainte, toute l’opiniâtreté tenace du patriarche, dévoué à la maison des Doukas1. Et par ces détails on devine aisément ce que dut être en de telles conditions ce ménage impérial, quels rapports tendus et difficiles durent exister entre ces époux jiostiles, représentants associés de deux familles rivales et conscients tous deux des ambitions ennemies qu’ils symbolisaient. Comment, de cette sourde hostilité, naquirent peu à peu, entre Alexis et sa femme, des relations plus amicales; comment la jeune impératrice, dédaignée d’abord et tenue à l’écart, arriva insensiblement à 1. Ici encore on consultera utilement Figures byzantines, 1" série, p. 338-340.