228 FIGURES BYZANTINES beau pour ce cadet d’Italie, la fiancée était moins séduisante. Elle avait quelque peu déjà dépassé la trentaine, et son caractère n’était point engageant : emportée, impérieuse, jalouse de toute supériorité, elle avait l’énergie de l’homme plus que les grâces de la femme; son humeur s’était en outre aigrie dans un trop long célibat, et elle gardait avec amertume le souvenir de plusieurs mariages manqués. Elle était donc fort impatiente de trouver un époux, quand parut Renier de Montferrat. 11 avait dix-sept ans; il était charmant à voir, joli, élégant à souhait; il avait des cheveux d’un blond flamboyant, et pas un poil de barbe au menton. Ainsi il plut à la princesse, et l’empereur, non sans hésitation, consentit au mariage. Le jeune homme fut fait césar, il reçut le royaume de Thessalonique en apanage, et, sous l’influence de sa virile épouse, il ne tarda pas à devenir complètement byzantin. Aussi, après la mort de son beau-père, se jeta-t-il à corps perdu dans les intrigues qui agitèrent aussitôt le règne du jeune Alexis II. Épousant toutes les rancunes de sa femme, il prit parti contre son jeune beau-frère, contre la régente, contre le protosébaste son ministre. Contre eux il conspira avec tous leurs adversaires, les fils d’Andronic Comnène, le fils bâtard de Manuel, d’autres encore : et lorsque le complot fut découvert, il courut avec Marie Comnène se réfugier dans Sainte-Sophie, et de cet inviolable asile, hardiment il organisa la résistance au gouvernement. Le patriarche et son clergé, la plèbe ameutée et facilement gagnée par quelques libéralités opportunes, prenaient parti pour lui; et le césar, changeant la maison de prière en une « inexpugnable citadelle »,