bO FIGURES BYZANTINES j’écarterai les inspirations de la loi naturelle pour m’attacher à la vérité. J’aime mon père, mais j’aime davantage encore la vérité ». De môme elle a pris soin de nous renseigner fort minutieusement sur les sources diverses où elle a puisé la matière de son histoire; elle a consulté les souvenirs des vieux compagnons d’armes de son père, feuilleté les simples et véridiques mémoires où, sans nul souci de l’art ni do la rhétorique, ils avaient raconté leurs exploits et ceux de l’empereur leur maître; elle y a joint tout ce qu’elle môme avait vu, tout ce qu’elle avait recueilli de la bouche de son père, de sa mère, de ses oncles, tout ce que lui avaient rapporté les grands généraux d’Alexis, acteurs et témoins des gloires de son règne; et elle insiste volontiers sur l’accord de tous ces témoignages, et sur l’évidente sincérité qu’ils offrent, « maintenant que toute flatterie, que tout mensonge a disparu avec la mort d’Alexis, et que les gens, n’ayant d’autre souci que de ilatter le maître actuel, et ne s’inquiétant plus guère d’aduler le maître disparu, représentent les choses dans leur nudité etracon-tent les« événements tels qu’ils se sont passés ». Et il est véritable qu’Anne Comnène a eu une préoccupation réelle et sincère de recueillir des informations exactes et circonstanciées. Outre les traditions orales, elle a consulté les archives de l’empire et y a copié des documents d’importance capitale; elle a transcrit dans son livre le texte authentique de certains actes diplomatiques, de certaines pièces de correspondance privée; et elle a poussé si loin le souci de la documentation que, pour raconter l’histoire de Robert Guiscard, elle a fait usage d’une source latine, aujourd’hui perdue.