314 FIGURES BYZANTINES mélange des sujets religieux et des épisodes profanes. La mythologie et l’histoire, souvent l’histoire contemporaine elle-même, fournissaient aux artistes de l’époque autant de thèmes que les livres saints. On retrouve dans les manuscrits du temps presque toutes les scènes qui, dans l’épopée, décorent le palais d’Akritis. Et de même, les traits caractéristiques de l’architecture et le système de la décoration correspondent à ce que nous savons de l’art du Xe siècle. Mais, plus encore que les idées et les mœurs, les caractères sont intéressants, tels qu’ils nous apparaissent dans cette chanson de geste. Assurément, dans toutes ces aventures de guerre et d’amour, il y a un fond permanent de brutalité et de cruauté. Les razzias, les pillages, les massacres y tiennent une place essentielle : les âmes s’y montrent sanguinaires et sans pitié. Les jeunes filles grecques faites prisonnières par les Arabes sont misérablement égorgées, parce qu’elles refusent d’obéir aux exigences de leurs vainqueurs. Pareillement, pour complaire à la jalousie d’Eudocie, Digénis tue Maximo après avoir été son amant. Sans cesse il est question d’enlèvements de femmes, de combats singuliers, de coups d’épée formidables, et l’amour de l’or est un des principaux ressorts qui font agir ces hommes. Ce sont les mœurs violentes d’une société rude encore, où la force crée le droit, où l’épée est reine, d’une société de soldats pour qui la vie est une perpétuelle bataille. Pourtant ces rudes guerriers sont capables de raffinement dans leurs sentiments et d’élégance dans