336 FIGURES BYZANTINES liesse. L’empereur Rodophilos dansait do joie et, dans son bonheur, il ordonnait toutes sortes de beaux divertissements, musicaux et autres. Puis il manda l’évêque avec ses clercs, et lui-même posa la couronne des noces et de l’empire sur les deux têtes de Belthan-dros et de Chrysantza. Marié et en même temps proclamé autocrator, avec le concours du sénat et du peuple, Belthandros est intronisé empereur, et Chrysantza est faite impératrice. Et les musiques jouèrent, conformément à l'étiquette, et le festin fut servi et ils se mirent à table. « Ne dirait-on point un extrait du Livre des Cérémonies, ou un écho des fêtes qu’aime à décrire l’épopée de Digénis? Dans son décor extérieur, la Byzance que peint l’écrivain du xine siècle est toute semblable encore à la Byzance du xe siècle. Pareillement, c’est dans la vie réelle du xe ou du xic siècle que nous reporte la lamentation funèbre de Chrysantza sur le corps de son amant. « Belthandros, ma lumière, mes yeux, mon âme et mon cœur, ainsi je te trouve mort, ainsi je te vois inanimé. Au lieu des tentures éclatantes de la couche royale, du vêtement couvert de pierreries dont tu devrais être paré, tu gis nu sur le bord du fleuve. Où est la lamentation de ton père, de ton frère, de tes parents, de tes grands“? Tes serviteurs, tes servantes ne viendront-ils point gémir sur toi et te pleurer? Où sont le roi et la reine, mon père et ma mère, pour pleurer avec moi et partager ma peine? Où est la consolation que me porteraient les miens? De tous tes parents, seule je suis là, malheureuse, misérable, accablée par le sort. Que ferai-je, infortunée? que deviendrai-je, étrangère? Quelle route suivrai-je, désespérée que je suis? Partout, c’est le malheur, c’est l’inconnu... Je veux