14 FIGURES BYZANTINES associations politiques et marchandes tout ensemble, telles que sera plus lard la Compagnie des Indes. Venise monopolisa le commerce de l’Archipel, Gênes celui de la mer Noire, et toutes deux se disputèrent Gonstantinople, où chacune des deux républiques rivales eul son quartier, ses privilèges, son organisation spéciale, reconnue et sanctionnée par les chrysobulles des empereurs byzantins. Et par là encore, par l’incessant contact des deux races sur les marchés, dans les banques, aux comptoirs des changeurs, dans la boutique des négociants, quelque chose de l’Occi-dent latin pénétra naturellement dans le monde byzantin. Ce n’est pas tout. Vers cet Orient merveilleux et riche où tant de Latins avaient fait fortune, vers cette incomparable Byzance qui apparaissait aux imaginations dans un resplendissement d’or, un courant continu emportait tous les aventuriers d’Occident. Scandinaves et Anglo-Saxons, Normands d’Italie et Français de France étaient heureux de prendre du service dans les régiments de la garde impériale, dans les rangs de ces fameux Varangs dont l’arme favorite était la lourde hache à double tranchant. Tous les condottieri en disponibilité s’empressaient de vendre leur épée au basileus qui payait bien. Et c’est une histoire qui tient presque du roman que celle de cetle grande compagnie catalane qui, dans les premières années du xive siècle, promena à travers tout l’empire, des bords de l’Hellespont aux rivages de l’Attique, son héroïque et sanglante odyssée. C’étaient six mille routiers catalans et basques, qu’An-dronic Paléologue avait pris à son service contre les Turcs. A leur tête était un chevalier du Temple,