L’IMPÉRATRICE IRÈNE DOUKAS 83 vos forces, les biens que promet l’Évangile. » Après quoi, assez humblement en apparence, elle demande aux sœurs de lui accorder le secours de leurs prières, afin de mériter à l’impératrice, en récompense de sa pieuse fondation, la miséricorde de Dieu et le salut éternel. Mais, jusque dans cette requête, l'âme volontaire d’Irène se manifeste. « Même si nous ne sommes plus matériellement présentes, écrit-elle, songez que nous serons là en esprit. » Ainsi, jusqu’à son dernier jour, elle nous apparaît telle qu’elle fut toute sa vie, sur le trône comme dans la retraite, pieuse, libérale, aimant les moines et ayant dans leurs prières une particulière confiance, mais très princesse, autoritaire et impérieuse, soucieuse d’imposer sa volonté dans le spirituel comme dans le temporel. Et l’on comprend mieux alors comment la jeune femme, effacée en apparence et timide, qu’Alexis Gomnène avait épousée, a fini, étant telle, par conquérir sur la scène du monde l’influence que méritaient ses qualités et que rêvait son ambition. Elle nous présente en outre un type intéressant de ces princesses byzantines duxne siècle, femmes politiques et femmes lettrées à la fois, un peu austères, un peu graves, mais d’une impeceable tenue morale et d’une grâce sérieuse qui n’est point sans beauté.