BYZANCE A L'ÉPOQUE DES CROISADES 15 Roger de Flor, que l’empereur fit grand-duc byzantin et qu’il maria à une princesse de la famille impériale. Mais quels incommodes auxiliaires aussi, malgré la solde élevée et les privilèges dont on les combla, malgré le titre de César, qu’on finit par conférer à leur chef. Il faut lire dans le pittoresque récit de llamon Muntaner, l’un des acteurs principaux et 'historiographe de cette expédition, comment les Mandes catalanes, traitèrent l’empire en pays conquis, rançonnant le basileus et bloquant la Capitale, s’organisant en une sorte de république militaire, « l’armée des Francs qui gouvernent le royaume de Macédoine », dont le chef s’intitulait « par la grâce de Dieu, mégaduc de Romanie, seigneur d’Anatolie et des îles de l’empire ». Des rives du Méandre aux bords de la Propontide, de Gallipoli à Salonique et à l’Àthos, de la Thessalie à l’Attiquè, pendant sept ans, ils allèrent, dévastant, massacrant tout, et finalement, ils terminèrent leur aventure par la fondation d’un duché catalan dans la ville de Périclès. Histoire étrange qui montre bien l’attrait qu’exerçait l’Orient grec sur les âmes occidentales, et comment, par les prodigieuses fortunes qui s’y pouvaient faire, s’excitait sans cesse la convoitise de bien d’autres aventuriers. A côté des laïques, l’Église enfin étendait sur le monde byzantin l’action de son clergé. Dans le nouvel empire latin né de la quatrième croisade, Innocent III put installer un patriarche et des évêques occidentaux, établir des monastères latins, se flatter un moment, malgré les répugnances et l’hostilité grecques, de ramener l’Orient sous la primauté romaine. Et alors même que cette tentative eut échoué, pendant deux