52 FIGURES BYZANTINES — et devait éprouver— à l’égard des croisés, le seul Bohémond mis à part. Faut-il ajouter qu'elle était femme, et qu’elle avait en conséquence un certain goût du décor, de la pompe extérieure, qui lui cachait parfois le fond véritable des choses, qu’elle était une femme passionnée, pleine de rancunes et de haines, et une femme savante enfin, soucieuse du beau style et de la phrase élégante? Tout cela, qui diminue sans doute la valeur proprement historique de l’œuvre d’Anne Comnène, n’èn diminue point l'intérêt. POür la psychologie du personnage, YAlexiade demeure un document de première importance ; et d’une façon plus générale, c’est un livre absolument remarquable. Enfin c’est Un trait qui n’esi point sans quelque grandeur, que cette femme politique, qui fut une femme de lettres, ait eu pour ambition suprême de se continuer, au delà de la mort, par ce qu’elle jugeait le meilleur d’elle-même, par son esprit et sa pensée. Anne Comnène moürut en 1148, à l’âge de soixante-cinq ans. Un contemporain qui la connut bien a vanté Ses grands yeux mobiles qui montraient l’activité de sa pensée, la profondeur de ses connaissances philosophiques, la supériorité vraiment impériale de son esprit, et il conclut, d’un trait spirituel, en disant que, si la Grèce antique l’avait connue, elle eût ajouté « une quatrième Grâce aux Grâces, une dixième Muse aux Muses ». Ce fut à tout le moins une femme tout à fait remarquable, l’un des plüs beaux êgpritâ féminins que Byzance ait produits, et très sdpéfiëiire à la plupart des hommes de son temps. Et quoi qu’on puisse penser de son caractère, il y a quelque mélancolie dans l’existence de cette princesse juste-nient ambitieusé, ët qui manqua si cruellement sa Vie*