28 FIGURES BYZANTINES belle-mère, la basilissa Marie d'Alanie, et toute sa vie elle garda le souvenir radieux de cés premières années, qui lui semblaient plus tard les plus heureuses de toute son existence. Elle adorait sa mère, qui de son côté marqua toujours à sa fille aînée une particulière prédilection; elle ressentait une admiration profonde pour la jolie femme à la taille élégante, au teint de neige, aux charmants yeux bleus qu’était l’impératrice Marie, et elle se rappelait avec émotion, bien des années plus tard, quelle affection lui avait témoignée cette princesse exquise, digne du ciseau de Phidias et du pinceau d’Apelle, et si belle que quiconque la voyait demeurait comme ravi en extase. « Jamais, écrit Anne Comnène, dans un corps humain on ne vit une plus parfaite harmonie des proportions. C’était une statue animée, un objet d’admiration pour tout homme qui a le sens de la beauté; ou plutôt c’était l’Amour incarné, et descendu sur la terre. » La petite fille n’aimait pas moins tendrement son futur mari, le jeune Constantin. Il avait neuf ans de plus qu’elle et c’était alors un garçonnet charmant, blond et rose, avec des yeux admirables, « qui brillaient sous les sourcils comme un joyau dans l’or ». « Sa beauté, dit ailleurs Anne Comnène, semblait du ciel, et non de la terre. » Et en effet il devait mourir prématurément, âgé de vingt ans à peine, avant que se fût réalisé ce mariage sur lequel sa petite fiancée fondait tant d’ambitieuses espérances. Toute sa vie Anne Comnène conserva le souvenir attendri de ce jeune homme, que l’empereur Alexis aimait comme son propre fils et qu’elle-même avait adoré d’une paaeionnette d’enfant; et bien des années plus tard, en pensant à ce Constantin Doukas,