276 FIGURES BYZANTINES famille des Comnènes de Trébizonde. Depuis le commencement du xme siècle, on le sait, un empire grec existait au fond de la mer Noire, et malgré que sa décadence eût déjà commencé, pourtant, au xvc siècle encore, il n’était ni sans prospérité ni sans gloire. Il y avait un intérêt politique évident à rapprocher par un mariage ces deux états, débris de l’hellénisme, si longtemps divisés entre eux par d’âpres jalousies. Il faut ajouter que la beauté des princesses de la famille de Trébizonde était célèbre dans tout l’Orient, et ce n’était point là pour Jean VIII, après sa malencontreuse expérience italienne, une considération négligeable. Bessarion fut donc chargé de négocier un mariage entre le Paléologue et une fille des Comnènes. Il réussit. Au mois d’août 1427, Marie, fille de l’empereur Alexis IV, débarquait à Constantinople; dès le mois de septembre, le mariage fut célébré, et la jeune femme couronnée impératrice par le patriarche Joseph. Cette fois du moins, Jean VIII n’avait pas à se plaindre. La nouvelle épousée était, ditDucas, « aussi recommandable par sa beauté que par ses vertus ». C’est ce qu’atteste plus pleinement encore le voyageur français Bertrandon de la Broquière, qui visita en 1432 la capitale byzantine, et qui nous a tracé dans sa relation un joli croquis de la belle souveraine. L’ayant aperçue un matin à Sainte-Sophie, il n’eut de cesse qu’il ne l’eût revue de plus près, « pour ce qu’elle m’avait semblé si belle à l’église », et en bon badaud, il attendit patiemment, « tout le jour, sans boire et sans manger jusques au vespre », qu’elle remontât à cheval pour rentrer au palais des Blachernes. Il fut récompensé de sa constance. « Elle