DEUX ROMANS DE CHEVALERIE BYZANTINS 321 l'hellénisme inversement affina vite les mœurs encore rudes des Latins. Pour l’étude de ces influences réciproques, deux de ces romans doivent être particulièrement retenus, celui de Belthandros et Chrysantza, qui, dans sa forme primitive, date probablement du xiii® siècle, celui de Lybistros et Rhodamné, dont la plus ancienne rédaction appartien t sans doute au xivesiècle. Il suffit de comparer ces deux poèmes aux romans purement grecs que composaient au xne siècle un Prodrome, un Eugenianos, un Eustathios ftlakrem-bolitès, pour sentir que, dans l’intervalle, de grands événements ont profondément changé l’aspect du monde oriental. C’est ce qui fait l’intérêt historique des deux ouvrages qu’on étudiera ici. Et assurément il faut se garder de vouloir généraliser trop les informations qu’on en pourra tirer : il est certain pourtant qu’ils offrent des documents tout à fait remarquables pour la connaissance de la société byzantine, telle que la firent les croisades. I Il y avait une fois à Byzance, raconte l’auteur du roman de Belthandros et Chrysantza, un puissant empereur appelé Bodophilos. Il avait deux fils, Phi-larmos et celui qui sera le héros du poème, Belthandros. « Ce dernier, dit le poète, avait reçu du ciel les dons les plus dignes d'envie. C’était un chasseur heureux et adroit. Sa beauté, sa taille, son courage ne méritaient qu’éloges. Ses cheveux blonds couvraient ses épaules, ses yeux étaient brillants et son regard rempli de grâce, sa poitrine était d’une blan- FHHÏRES BYZANTINES 2e Série. 21