PRINCESSES LATINES A LA COUR DES PALÉOLOGUES 255 jouait un rôle semblable. Parti de rien, mais souple, adroit, intrigant, ce personnage s’était élevé très vite aux plus hauts emplois, beaucoup grâce à l’appui de Cantacuzène, qu’il appelait en riant « son médecin », parce qu’il l’avait tiré de plusieurs affaires fâcheuses; et il s’était en môme temps prodigieusement enrichi. Très habile à profiter des circonstances, et fort ambitieux, il avait, de l’intelligence, de l’activité, de l’éloquence naturelle. « S’il avait appliqué ses hautes qualités, dit Grégoras, à la vérité et à la justice, il eût été la gloire de l’empire romain. » Mais, grisé par sa rapide fortune, il se croyait tout permis. Successivement il avait servi et trahi tous les partis, et toujours il y avait trouvé son avantage. Maintenant il rêvait de gouverner l’empire, de disposer de la couronne, peut-être de s’asseoir lui-même sur le trône des Césars. Ses ambitions, d’ailleurs, n’excluaient pas la prudence. Aux portes de la capitale, au bord de la mer, il s’était fait construire un château-fort bien pourvu d’eau, de vivres et d’argent. Il s’y réfugiait quand il se sentait en péril, et de cette inexpugnable citadelle il bravait tous ses ennemis. Tout en flattant Cantacuzène, il détestait en lui un rival; aussi n’hésita-t-il point à lier avec le patriarche partie contre lui. Beaucoup d’autres gens étaient hostiles au grand domestique, en particulier les favoris italiens de l’impératrice qui, travaillés par Apokaukos, excitaient leur maîtresse contre Cantacuzène. Toutes ces influences conjurées agirent sans peine sur l’esprit faible et mobile de la régente et rompirent vite le bon accord établi entre elle et son conseiller. Au début, fidèle à la volonté d’Andronic, elle avait, comme elle le disait avec son exagération coutumière,