L’IMPÉRATRICE IRÈNE DOUKAS 83 Elle a pour chaque cas pris des dispositions précises, gradué selon les personnes les honneurs rendus et l'importance de la dépense, et cette diversité de traitements ne laisse pas d’être instructive et piquante. Pour elle-même et pour Alexis, elle veut que l’on fasse très bien les choses. La distribution aux pauvres comprendra du pain fait avec dix modii de blé, soit quatre cents livres, plus huit mesures de vin, et douze nomismata ou sous d’argent. Pour ses fils et pour ses filles, Irène réduit de moitié la quotité de la dépense ; pour sa dernière fille Théodora, elle la réduit presque des trois quarts. C’est que Théodora avait fait un assez sot mariage ; elle avait épousé Constantin Ange, un joli garçon de naissance assez médiocre, dont la beauté seule avait fait la fortune, et sans doute l’impératrice tenait un peu rigueur à sa fille de cette sorte de mésalliance. Parmi les gendres d’Irène, Nicéphore Bryenne, le mari d’Anne Comnène, et l’époux de Marie Comnène sont traités comme les fils ; mais le mari de Théodora, de môme que sa femme, ne recevra que des honneurs de second choix; pour lui, comme pour ses deux belles-filles, les femmes du sébastocrator Andronic et du césar Isaac, Irène réduit la dépense aux trois quarts de ce qu’elle a prescrit pour elle et pour Alexis. Le mari d’Eudocie naturellement est complètement omis sur la liste. Parmi les petits-enfants de la basilissa, une seule figure dans cette nomenclature ; c’est Irène Doukas, la fille d’Anne Comnène, qui était évidemment la favorite de sa grand-mère. Et aussi bien partout apparaît la prédilection visible que la princesse avait pour sa fille aînée Anne et pour les siens. C’est à elle qu’elle lègue le palais qu’elle s’est fait bâtir à côté du