PRINCESSES D’OCCIDENT A LA COÜR DES COMNÈNES 18b plus illustres, malgré les respects et les présents dont elle combla l’Église, dans l’espoir d’obtenir ainsi la fin de sa stérilité, Irène ne donna aucun héritier à l’empire; et lorsqu’enfin, en 1152, un enfant lui vint, ce fut une fille, Marie. Plus tard, elle eut un autre enfant encore : mais de nouveau ce fut une fille, qui mourut d’ailleurs à l’âge de quatre ans. De tout cela, Manuel était fort affecté; et fermement persuadé que c’était l’effet de la malédiction du patriarche, il en voulait un peu à sa femme de donner trop pleinement raison au prélat. Pour tous ces motifs, Manuel de son côté se lassa assez vite d’Irène. Sans doute il lui conserva courtoisement les honneurs extérieurs du pouvoir, sa cour, ses gardes, tout l’éclat de la puissance suprême. Mais il se détacha d’elle entièrement. Après de nombreuses aventures, il finit par prendre une maîtresse en titre. Ce fut sa nièce Théodora, et il s’attacha à elle d’autant plus fortement que, plus heureuse qu’Irène, elle lui donna un fils. Aussi n’eut-il plus désormais rien à lui refuser : comme la femme légitime, elle eut une cour, des gardes, et elle partagea, au diadème près, toutes les prérogatives du pouvoir suprême. Pour elle, l’empereur fit les plus folles dépenses ; des « mers de richesses », comme dit Nicétas, furent versées à ses pieds. Orgueilleuse, arrogante, elle acceptait les hommages et l’argent : et autour d’elle, à l’exemple du maître, les courtisans s’empressaient, délaissant un peu pour la favorite l’impératrice légitime. Il semble bien que celle-ci ne tenta guère de rompre son isolement. Irène se fit sa vie à part et la remplit de bonnes œuvres, secourant les veuves, protégeant les orphelins, dotant et mariant les jeunes filles