30 FIGURES BYZANTINES phie, l’histoire et la littérature, la géographie et la mythologie, la médecine et les sciences. Elle lut les grands poètes de l’antiquité, Homère et les lyriques, les tragiques et Aristophane, les historiens comme Thucydide et Polybe, les orateurs tels qu’Isocrate et Démosthène; elle lut les traités d’Aristote et les dialogues de Platon, et dans le commerce de ces écrivains fameux elle apprit l’art du bien dire et « le fin du fin de l’hellénisme ». Elle fut capable de citer couramment Orphée et Timothée. Sapho et Pindare, Porphyre et Proclus, le Portique et l’Académie. Les arts du quadrivium n’eurent point pour elle de mystère : elle sut la géométrie, les mathématiques, la musique, l’astrologie. Les grands dieux du paganisme, les belles légendes de l’Hellade furent familiers à son esprit; Héraklès et Athèna, Cadmos et Niobé vinrent tout naturellement sous sa plume. Elle connut également l’histoire de Byzance et la géographie, et elle eut quelque curiosité des monuments antiques : bien plus, elle sut à l’occasion raisonner des choses militaires et discuter avec des médecins sur le meilleur traitement qu’il convenait de prescrire. Enfin cette Byzantine semble — chose assez rare encore dans l’Orient de son temps — avoir su même le latin. Ce n’était pas seulement une femme instruite : ce futunefemme savante. Les contemporains s’accordent à célébrer l’élégance de son style attique, la force et l’aptitude de son esprit à démêler les plus obscurs problèmes, la supériorité de son génie naturel et l’application qu’elle mit à en cultiver les dons, le goût qu’elle eut toujours pour les livres et les entretiens savants, l’universalité enfin de ses connais-