40 FIGURES BYZANTINES parti. Andronic, l’un des fils du basileus, tenait pour sa sœur; l’autre, Isaac, pour son frère; quant à sa mère, Irène, elle détestait étrangement son fils Jean. Elle le jugeait léger, de mœurs corrompues, d’esprit mal équilibré : en quoi d’ailleurs elle lui faisait tort. Elle avait au contraire une vive admiration pour la haute intelligence de sa fille, elle lui demandait conseil en toute circonstance et recevait ses avis comme des oracles. De plus — chose rare — elle adorait son gendre. Elle le trouvait éloquent, instruit, doué de toutes les qualités qui font l’homme d’État et le souverain. Pour évincer l’héritier légitime, les deux femmes lièrent donc résolument partie : et comme Irène exerçait maintenant, sur l’empereur vieilli et déjà malade, une grande influence, elles purent espérer que leur plan réussirait. Bientôt, grâce à ces intrigues, Bryenne fut tout-puissant au palais, et le bruit courait partout que rien ne se faisait que par lui. Les courtisans avisés s’empressaient à lui plaire; à l’occasion des fiançailles de son fils aîné Alexis avec la fille d’un prince d’Abasgie, les orateurs officiels célébraient en de pompeux épitha-lames les qualités de ce jeune homme, qui semblait destiné à l’empire, et la gloire de ses parents. On notait avec complaisance la ressemblance frappante que le prince avait avec le basileus son grand-père, dont il portait le nom ; on s’extasiait sur l’éducation qu’il avait reçue, avec son frère Jean Doukas, sous la direction de la mère éminente que le ciel h jr avait donnée. Bref, tout semblait aller à souhait, et Anne Comnène touchait au comble de ses vœux. L’empereur cependant réservait toujours sa décision finale, et les choses en étaient là, quand, au courant