L’IMPÉRATRICE IRÈNE DOUKAS 57 différait un peu de l’ovale parfait. » Un autre de ses panégyristes déclare que sa beauté était plutôt intérieure. Si l’on considère en outre qu’Irène avait peu de goût pour la toilette, qu’elle aimait moins, selon le mot d’un contemporain, « se parer de beaux habits frangés d’or que briller de l’éclat de ses vertus », qu’elle n’appelait nul artifice au secours de ses charmes, « comme font les femmes efféminées, insultant ainsi le divin créateur », et qu’enfin « l’art des cosmétiques cher à Cléopâtre » lui semblait chose inutile et vaine, on conçoit qu’Alexis Comnène, d’humeur naturellement volage, n’ait point eu de bien fortes raisons de demeurer attaché à sa femme, et que, malgré les sept enfants, trois garçons et quatre filles, qu’il eut d’elle, il ait professé à son égard quelque indifférence, se consolant en de nombreuses aventures qui excitaient fort, paraît-il, la jalousie de la jeune impératrice. Pas plus que la toilette, Irène n’aimait le monde. Elle répugnait à se produire en public, dans le grand appareil des cérémonies impériales, et elle se montrait toute gênée et rougissante, quand sou rang l’obligeait d’y paraître. Elle n’aimait point à parler, et elle passait dans les fêtes de la cour, silencieuse, les lèvres serrées, froide et mystérieuse comme une statue de marbre (la comparaison est d’Anne Comnène). Tout compte fait, elle nous apparaît comme une personne discrète, modeste, un peu timide, un peu secrète aussi, nature longtemps comprimée entre un mari indifférent et une belle-mère hostile et impérieuse. Irène enfin ne trouvait nul plaisir à s’entourer d’un nombreux domestique; ses goûts étaient simples; les somptueux équipages, la parade, la pompe lui