12 FIGURES BYZANTINES sade fit mieux encore : à Byzance, elle assit un empereur latin sur le trône des Césars; elle couvrit de principautés féodales la Grèce et les îles de l’Archipel. Tandis qu’un comte de Flandre revêtait la pourpre des basileis, qu’un marquis de Montferrat était proclamé roi de Thessalonique, des Bourguignons se faisaient ducs d’Athènes, des Champenois princes de Morée, des Vénitiens devenaient grands-ducs de Lemnos, marquis de Cérigo, ducs de Naxos et de Paros, des Génois princes de Chios et sires de Mételin; Rhodes devenait la capitale des chevaliers de l’Hôpital, et la Crète une colonie de Venise. Et dans tous ces établissements latins, nés sur la terre de Syrie ou d’Hellade, les nouveaux venus apportèrent avec eux les lois, les usages, les mœurs de l’Occident. Ce fut comme un morceau d’Europe féodale transporté sous le ciel d’Orient. Aujourd’hui encore, sur les monts de Syrie comme sur les monts d’Arcadie ou d’Argolide, aux pentes du Taygète comme aux pentes du Liban, plus loin encore, en plein désert, perdues au delà de la mer Morte, le voyageur étonné rencontre d’admirables forteresses féodales, couronnant de leurs tours massives et de leurs murailles crénelées les crêtes des collines. A Chypre, des édifices presque intacts, fières citadelles, cloîtres solitaires perdus au fond des vallées désertes, merveilleuses cathédrales gothiques, redisent les splendeurs de l’art français du xin' et du xive siècles. Et avec ses remparts formidables, ses vieilles tours, le? maisons anciennes de sa rue des Chevaliers, Rhodes offre le rare et presque unique spectacle d’une cité française du xve siècle, conservée avec tous ses monuments. C’était vraiment, comme le