PRINCESSES D’OCCIDENT A LA COUR DES COMNÈNES 177 môme se noient. Les voyageurs qui ont traversé sans accident les montagnes et les fleuves « font naufrage en pleine ville »* en arrivant au port, Pour les tirer d’affaire, il faut entreprendre de véritables sauvetages, décharger les bêtes de somme en entrant dans la boue jusqu’à mi-corps, hisser les animaux hors du marécage à grand renfort de cordages. Et ceci n’est rien encore. La nuit, d’autres périls s’ajoutent aux dangers de la voirie. Les rues sans lumière sont livrées aux voleurs et aux chiens errants qui, alors comme aujourd’hui, pullulaient à Constantinople ; les gens paisibles s’enfermant chez eux, aucun secours n’est à espérer en cas d’accident; personne ne répond aux cris des victimes, qui n’ont qu’à se laisser dévaliser. Assurément une impératrice n’avait guère l’occasion de voir « ces spectacles indignes d’un souve-fain » (àêasiAeuTov ôscc-rpov). Ce qu’elle connaissait de Constantinople, c’étaient les résidences impériales» c’était surtout le palais des Blachernes, devenu au xiie siècle l’habitation ordinaire des basileis. 11 était situé vers l’extrémité de la Corne d’Or, et sa triple façade dominait là mer, la campagne et la ville. L’extérieur en était magnifique, l’intérieur plus beau encore. Sur les murs des grandes salles bordées de colonnades resplendissaient les mosaïques à fond d’or, exécutées « avec un art admirable », et qui représentaient en couleurs éclatantes les exploits de l’empereur Manuel, ses guerres contre les barbares, tout ce qu’il avait fait pour le bien de l’empire. Sur le sol, d’autres mosaïques de marbre faisaient un pavé somptueux. « Je ne sais pas, écrit un contemporain, ce qui lui donne plus de prix ou de beauté, l’habileté de l’art ou la valeur de la Fiaur.ES byzantines. 2' série. 12