94 FIGURES BYZANTINES II Pendant trente ans, Andronic remplit la ville et la cour du bruit et du scandale de ses aventures. Cousin germain de Manuel, et à peu près du même âge que lui (tous deux étaient nés aux environs de l’année 1120), Andronic avait été élevé avec le futur héritier du trône. Et de la communauté de leurs goûts athlétiques et de leurs aventures d’amour, une étroite intimité s’était formée entre les deux jeunes gens. Manuel eut longtemps pour Andronic une affection profonde; plus tard même, quand la rivalité de leurs ambitions et les calomnies des ennemis d’Andronic les eurent définitivement séparés, l’empereur garda toujours pour son cousin une indulgence secrète. Toutefois, un homme tel qu’Andronic était bien fait pour inquiéter un empereur; et quoique Manuel fit grand honneur à son cousin, qu’il l’employât volontiers à la guerre, qu’il le traitât en intime, une sourde mésintelligence naquit bientôt entre eux. Andronic gardait quelque rancune à Manuel de l’avoir, au moment où, jeune empereur, il courait à Constantinople prendre possession de son trône, laissé tomber aux mains des Turcs, sans rien faire pour le délivrer, heureux peut-être d'être débarrassé en cette occurrence d’un si inquiétant et si remuant personnage. Quoique depuis lors Manuel lui demeurât en apparence fort attaché, — jusqu’à exposer, dans une querelle après boire, sa propre vie pour sauver celle d’Andronic, — celui-ci se plaignait pourtant qu’on ne lui fît point dans l’Ëtat la place qu’il méritait, et que l’empereur accordât