340 FIGURES BYZANTINES découvres tout désir, toi qui fais naître toute volupté, si, par l’insensibilité que j’ai eue pour toi, je t’ai outragé, maître du désir, ne t’irrite point de ma faute, ne m’en punis point. J’étais un rustre, sache-le bien, pardonne-le moi. Contente-toi de m’avoir fait peur et prends pitié de moi. Je jure d’être désormais ton esclave et l’esclave de ta loi, d’obéir en homme lige à ta volonté et à tes ordres. » Le dieu pardonne à son nouvel adorateur, et il lui annonce sa future destinée. Il aimera une princesse indienne, Rhodamné,la fille du roi Chrysos, il la perdra après un an par les maléfices d’une sorcière, deux ans durant il la cherchera à travers le monde, et finalement il reviendra avec elle régner sur Argyrocastron. Un autre rêve encore ramène le jeune homme dans « le jardin d’Amour ». Il y rencontre le dieu, tenant d’une main un arc d’argent, conduisant de l'autre « la jeune fille prédestinée à la joie de mon cœur, la jeune fille, lumière de mes yeux ». « Lybistros, lui dit l’Amour, tu vois cette jeune fille ? Tu admires sa beauté, tu en es ravi. C’est Rhodamné, la fille du roi Chrysos. C’est elle que je t’ai promise. C’est elle que tu dois conquérir. Étends la main; vis longtemps avec elle, meurs à ses côtés, et incline ta tête rebelle sous le joug de l’Amour1. » Devenu ainsi le vassal de l’Amour, Lybistros n’a plus qu’à suivre son destin. Sur l’avis de son conseiller fidèle, il se met en route avec cent chevaliers pour retrouver sa belle, et après de longues épreuves il arrive devant un château dont les murailles resplendissent au soleil. C’est Argyrocastron, « le château d’argent ». 1. Trad. Gidel.