LES MARIAGES DES DERNIERS PALÉOLOGUES 285 tantin, qui devait être le dernier empereur de Byzance, épousa Théodora Tocco, puis Catherine Gattilusio; Théodore enfin, despote de Morée, brigua, comme son aîné Jean, la main d’une princesse italienne. En 1421, en même temps que son frère, il célébra ses noces avec Cléopé Malatesta. De ces mariages divers, qui eurent l’heureux effet de replacer la Morée tout entière sous l’autorité des Paléologues et de faire des despotes de Mistra, à la veille de la catastrophe finale, les représentants éminents de l’hellénisme, un seul nous est connu avec quelques détails. Grâce aux oraisons funèbres que prononcèrent en son honneur Gémiste Pléthon et Bessarion, la figure de Cléopé Malatesta, princesse de Morée, a conservé quelque relief, et son histoire nous montre une fois de plus quels résultats donnaient ces unions entre Grecs et Latins. A une beauté remarquable, la jeune Italienne unissait de hautes qualités morales. « Belle et bonne, dit l’un de ses panégyristes, elle épousa notre prince beau et bon. » On lit ailleurs d’elle : « Son corps semblait l’image de la beauté de son âme » ; et ceci encore : « C’était, entre toutes les femmes, une admirable statue ». Fort intelligente, elle s’efforça de s’adapter aux usages de ses nouveaux sujets. Elle se convertit à l’orthodoxie, et pratiqua pieusement les observances du rite grec. Elle changea sa façon de vivre, ses habitudes italiennes, « molles et relâchées », dit son panégyriste, « pour apprendre la sévérité et la modestie de nos mœurs, si bien qu’elle ne le cédait à aucune des femmes de chez nous ». Elle s’appliqua à témoigner aux Grecs une bienveillance extrême, toujours douce et charitable envers tous. Par tout cela elle se rendit