PRINCESSES LATINES A LA COUR DES PALÉOLOGUES 239 valeur aucune, et que, cette première venant de mourir fort à propos, il se trouvait absolument libre. Ce fut Eudocie qui ne voulut rien entendre : c’était, semble-t-il, une veuve inconsolable, et puis elle se défiait un peu de la versatilité du Slave. A défaut d’elle, on prit Simone, qui avait alors six ans ; les fiançailles furent célébrées et l’enfant, selon l’usage, fut envoyée en Serbie pour y être élevée, en attendant le mariage, dans la maison de son futur époux. Mais ce Slave passionné, qui avait quarante ans sonnés et des mœurs déplorables (il avait eu successivement des relations avec une de ses belles-sœurs, puis avec la sœur de celle-ci) n'eut point la patience d’attendre aussi longtemps qu’il eût fallu, et il fit si bien que sa jeune femme perdit à tout jamais l’espérance d’être mère. Irène cependant n’en garda point rancune à son gendre. Elle le comblait de cadeaux et d’argent ; elle le recevait volontiers à Thessalonique, où elle résidait habituellement. Comme son orgueil maternel tenait surtout à ce que sa fille fit grande figure dans le monde et qu’elle eût un air d’impératrice, elle faisait accorder au prince serbe par la chancellerie byzantine le droit de porter un bonnet constellé de pierreries, presque pareil à celui que portait le basileus, et chaque année elle lui envoyait cet insigne un peu plus magnifiquement orné que le précédent. Puis c’étaient, pour lui et pour sa fille, des vêtements somptueux; pour ce souverain étranger, elle vidait le trésor impérial. A ce moment, elle espérait encore que Simone aurait des enfants, qui pourraient un jour régner sur Byzance. Quand il lui fallut renoncer à cette espérance, son imagination toujours en travail forma tout aussitôt d’autres projets. Comme le Serbe