181 FIGURES BYZANTINES belles et florissantes couleurs, elle procurait une sensation de plaisir même aux choses insensibles ». Elle était dotée par surcroît de toutes sortes de vertus, « dont le parfum, dit son panégyriste, réjouissait Dieu et les hommes ». Parfaitement honnête, douce, pieuse, extrêmement charitable, toujours prête à secourir et à consoler les misérables, et à « étendre sur le monde ses mains bienfaisantes », elle avait de hautes qualités morales. Mais elle manquait tout à fait d’élégance. « Elle prenait moins de souci, dit Nicétas, de la beauté de son corps que du perfectionnement de son âme. » Elle n’aimait pas la toilette, elle ne se fardait point le visage, elle ne se faisait point les yeux, et elle marquait quelque mépris pour les « femmes folles », comme elle disait, qui préfèrent l’art à la nature. « Elle ne voulait, dit le chroniqueur, briller que de l’éclat de ses vertus. » A cela elle joignait une certaine raideur allemande, selon le mot de Nicétas (t¿ t/,7] Itîixàiveî eOvixôv) et une humeur plutôt grave et hautaine. Ce n’était guère le moyen de retenir le jeune homme passionné qu’était alors Manuel, avide de plaisirs, de réunions mondaines, d’amourettes, épris de tous les amusements qui convenaient à son âge et de toutes les aventures qui s’offraient à sa fantaisie. En outre Irène ne donnait point d’enfants à son mari. En 1147, au moment où l’empereur avait déposé le patriarche Cosmas, celui-ci, dans sa fureur, avait en plein synode maudit le sein de l’impératrice et déclaré que jamais elle ne donnerait naissance à des enfants du sexe masculin. Or les faits semblaient tristement justifier la prédiction. Pendant cinq ans, malgré les prières qu’elle demanda aux moines les