88 FIGURES BYZANTINES règne est rempli des disgrâces éclatantes de ses proches. Les aventures galantes remplissaient le temps que l’on ne passait point à conspirer, et l’empereur était le premier à donner l’exemple. Il avait en 1146 épousé une Allemande, la comtesse Berthe de Sulz-bach, qui prit, en montant sur le trône d’Orient, le prénom byzantin d’Irène; malgré ses vertus, malgré ses efforts pour se mettre au ton de la cour où elle vivait, la jeune femme n’avait pu longtemps retenir auprès d’elle son volage époux. Bien vite Manuel, qui était de complexion fort amoureuse, la négligea pour d’autres aventures. D’abord de simples passades l’amusèrent. Puis il s’éprit plus sérieusement de sa très jolie nièce Théodora, et il ne tarda pas à la déclarer ouvertement comme maîtresse. A cette personne orgueilleuse et hautaine, il se plut à accorder tous les honneurs extérieurs du pouvoir : il lui donna des gardes comme à une souveraine, il lui permit de porter un costume presque pareil à celui de l’impératrice; pour elle, pour le fds qui lui naquit et dont la venue accrut encore le crédit de la favorite, sa prodigalité fut inépuisable. Il semble que la faveur de « cette Pompadour au petit pied », comme on a appelé Théodora, dura assez longtemps; en tout cas, elle était d'humeur à la défendre. Un jour, par jalousie, elle fit assassiner une rivale qui lui disputait le cœur de Manuel, et nous avons conservé la très curieuse lettre par laquelle un de ses familiers s’éfforçait d’apaiser les remords que, bien des années plus tard, elle éprouvait de ce crime passionnel. Cette liaison, d’ailleurs, n’empêcha point Manuel, lorsque vers 1159 il perdit sa femme, de songer à se remarier aussitôt. De son premier mariage il n’avait