LES MARIAGES DES DERNIERS PALÉOLOGUES 283 « peur des Francs », disaient-ils. Et quand on leur demandait ensuite si donc les Francs les avaient torturés, frappés de verges, ou jetés en prison : « Non », répondaient-ils. « Mais alors? » interrogeait-on. « La « main que voici a signé, qu’on la coupe, disaient-ils ; « la langue a adhéré, qu’on l’arrache » ; et ils ne trouvaient rien autre chose à ajouter. Certains prélats, au moment de signer, avaient dit : « Nous ne signerons « pas, si vous ne nous donnez une suffisante somme « d’argent ». Innombrables furent7,es sommes dépensées à cet effet et remises aux mains de chacun des pères; et puis ils se repentirent, mais ils ne rendirent pas l’argent, plus coupables que Judas, qui, lui, rapporta les trente deniers. » Une autre tristesse encore attendait l’empereur à son retour. Quand, le 1er février 1440, il débarqua dans sa capitale, il y apprit la mort de l’impératrice Marie. Ce fut, dit Ducas, un grand deuil pour lui qui, s’ajoutant aux préoccupations que lui donnait la question religieuse, altéra gravement sa santé et précipita sa fin. De la jolie impératrice Comnèneil reste aujourd’hui encore un souvenir dans l’archipel des Princes. Dans l’île de Halky, Jean Paléologue avait, en l’honneur de son patron Jean le Précurseur, construit un grand monastère et une belle église. La basilissa Marie s’était associée à cette pieuse fondation en élevant, à côté de l’édifice principal, une petite chapelle de la Vierge. Seule, cette chapelle échappa à l’incendie qui au xviie siècle dévora le monastère; elle subsiste encore presque intacte aujourd’hui, rappelant la mémoire de la séduisante princesse et du basileus dont elle gagna le cœur.