234 FIGURES BYZANTINES Yolande de Montferrat descendait du marquis Boniface; elle avait onze ans lorsqu’en 1284 elle épousa Andronic II. Pour un basileus, c’était là, semble-t-il, une assez médiocre alliance. Mais il faut considérer que les Latins de ce temps étaient infiniment moins que leurs pères sensibles à l’hon-neur d’un mariage byzantin, que le pape voyait d’assez mauvais œil toute union avec les schisma-tiques, et qu’enfin, étant donnée l’incontestable décadence de la monarchie grecque, le parti était, en effet, beaucoup moins brillant qu’autrefois. A cela s’ajoutait, dans le cas particulier dont il s’agit, une autre raison, Andronic était veuf, et de son premier mariage il avait deux fils, dont l’aîné, Michel, était déjà associé au trône. Les enfants du second lit étaient donc, selon les usages byzantins, destinés à demeurer de simples particuliers. Dans ces conditions, la plupart des grands souverains d’Europe n’eussent guère été disposés à marier leur fille à l’empereur. La cour de Constantinople, se rendant compte de tout cela, borna ses ambitions et se contenta d’Yolande. Cette alliance, d’ailleurs, si modeste qu’elle fût, offrait cependant un sérieux avantage : la jeune femme possédait des droits sur le royaume latin de ThessaloDique, et son mariage, en transférant ces droits à la famille impériale, constituait un titre légitime à opposer aux revendications de l’Occident. C’est dans le môme dessein qu’Andronic II, un peu plus tard, tâchera de marier son fils aîné Michel à Catherine de Courtenay, héritière des empereurs