LES AVENTURES D ANDRONIC COMNÈNE 115 intentions, rappelant môme volontiers le serment qu'il avait jadis pi’êté à Manuel, il déclarait qu’il n'avait d’autre but que de rendre la liberté au jeune empereur, prisonnier de conseillers détestables. En face d’un gouvernement incapable et soutenu par l’étranger, il se présentait en outre comme le seul homme soucieux des intérêts de l’empire, comme le seul « ami des Romains » (<¡>iXopu>¡Aiuo?), comme-le seul aussi qui, par son âge et son expérience des affaires, pût retenir la monarchie sur la pente où elle glissait aux abîmes. Et les populations, enchantées, l’accueillaient avec enthousiasme tout le long de la route. Vainement les gouverneurs des thèmes asiatiques restés fidèles à la régente tentèrent d’abord d’arrêter sa marche ; vainement Andronic Ange, envoyé contre lui avec des troupes, essaya de lui livrer bataille. Mal soutenu par ses soldats, ce général se fit battre, et craignant pour sa vie les conséquences de sa défaite, il donna l’exemple de la défection et alla grossir les forces du rebelle. Et celui-ci, qui avait toujours le mot pour rire, disait plaisamment en accueillant son nouveau partisan : « Le voilà bien, le mot de l’Évangile : Je t’enverrai mon ange, qui préparera la route devant toi ». Andronic Ange trouva en effet des imitateurs. Quand les troupes du Gomnène débouchèrent en face de Gonstantinople sur le rivage asiatique du Bosphore, la flotte chargée de défendre le passage des détroits fit défection, sans tenter même un simulacre de résistance, et de son camp de Chalcédoine, Andronic adressa au palais un ultimatum hautain, exigeant la destitution du protosébaste, la retraite de la régente dans un monastère, la remise du pouvoir aux mains du jeune empereur. Aussi bien, dans la