UN POÈTE DE coun AU SIÈCLE DES COMNÈNES 143 pour confident de ses infortunes, lui peignant la lamentable existence des pauvres gens comme lui, « qui pour tout héritage ont eu la pauvreté, qui ont beaucoup de dépenses et peu de revenus » ; et il avait essayé, en lui faisant le récit burlesque de sa détresse, de l’attendrir sur sa misère et d’obtenir une augmentation de la pension que lui servait Andronic. En môme temps, il faisait de petits vers pour sa femme, destinés à accompagner les pieux cadeaux que cellc-ci offrait aux églises ; il dédiait à la princesse un poème astrologique, et dès ce moment il était de la maison. Aussi, lorsqu’on 1143, au cours de la campagne de Cilicie, le prince mourut de la fièvre à Attalia, laissant sa femme veuve avec cinq enfants, ce fut notre poète que la sébastocratorissa chargea de composer la longue lamentation, où Irène était censée exprimer son affliction, et dans laquelle, malgré un fastidieux verbiage, on sent passer parfois un accent de sincère douleur. Depuis ce moment il demeura durant de longues années fidèlement attaché à sa protectrice. Le manuscrit de Venise renferme près de cinquante poèmes relatifs à elle et aux siens, et qui forment un total de près de 7000 vers. Ce sont tantôt de petits morceaux destinés à accompagner les offrandes, serviettes brodées d’or et de perles, voiles précieux, dessus de calice, que la piété d’Irène consacrait dans les églises; et il n’était point rare que ces brèves poésies fussent brodées sur l’étoffe des objets offerts par la princesse. Ce sont tantôt des vers composés à l’occasion des grandes fêtes qu’on célébrait dans la maison, poèmes d’asseZ longue haleine dont on faisait une lecture solennelle. Pour toutes les cir- FIGURES BYZANTINES. 2° série. 10