LES MARIAGES DES DERNIERS PALÉOLOGUES 289 l'ambassadeur avait, tout compte fait, jugé plus avantageux que celui de Trébizonde. Le prince d’Ibérie, en effet, promettait de faire magnifiquement les choses. Il donnait à sa fille, outre une riche vaisselle d’argent et d’or, outre des bijoux somptueux et une splendide garde-robe, une dot de 56 000 pièces d’or, plus une rente annuelle de 3 000 pièces d’or. Il avait de plus assuré l’ambassadeur que la nouvelle impératrice se chargerait d’établir sa fille, et à lui-même il avait fait espérer, pour le moment où il viendrait chercher la fiancée, de beaux cadeaux de soieries précieuses. Phrantzès rentra donc à Constantinople, accompagné d’un envoyé du prince d’Ibérie; il fit son rapporta l’empereur, et celui-ci, persuadé, signa une bulle d’or par laquelle il s’engageait au mariage. L’acte fut remis au mandataire du roi, et Phrantzès reçut mission d’aller, au printemps dç4452, chercher la jeune fiancée. Le pauvre diplomate ôtait médiocrement enchanté de tant de confiance. Il venait d’être absent durant deux années entières, et on lui ordonnait de repartir sans délai pour le Péloponnèse, pour Chypre, pour l’Ibérie. Tout cela troublait fort son ménage : sa femme, mécontente, menaçait d’entrer au couvent ou de divorcer, et Phrantzès, très ennuyé, faisait ses doléances à l’empereur, qui le calmait en lui promettant toute sorte de faveurs pour lui et pour les siens. Les circonstances se chargèrent d’ailleurs d’accommoder les choses. Quand Mahomet II attaqua Constantinople, il ne fut plus question de missions lointaines, et le mariage ibérien fut oublié pour des nécessités plus pressantes. Mais l’histoire valait d’être rapportée. Elle montre clairement de quel côté, à FIGURES BYZANTINES. 28 Série. 19