284 FIGURES BYZANTINES II Malgré le profond dissentiment, malgré l'antipathie séculaire qui séparaient Grecs et Latins, les hommes du xve siècle firent, on le voit, de sérieux efforts pour réconcilier l’Orient et l’Occident, et assurer par leur concorde le salut de l’empire chancelant de Byzance. Aussi bien les événements avaient-ils transplanté dans l’Orient grec une multitude de familles et de dynasties latines. Des Florentins, les Acciaiuoli, régnaient sur le duché franc d’Athènes; des Génois, les Gattilusi, étaient princes de Lesbos, et une grande compagnie de commerce génoise possédait l’île deChios; d’autres Italiens, les Zaccaria, étaient seigneurs en Morée ; d’autres, les Tocco, étaient établis à Céphalonie et à Zanle. Venise était partout, et ses familles patriciennes avaient fondé vingt dynasties dans les îles de l’Archipel. Un péril commun, celui de la conquête musulmane, rapprochait toutes ces principautés et leur faisait sentir la nécessité de s’unir avec Byzance. De là vinrent ces mariages qui, durant le dernier siècle de l’empire grec, unirent tant de fois dans un but politique les filles des princes latins d’Orient et les membres de la famille des Paléologues. Le frère de Manuel II, Théodore Ier, despote de Morée, donna l’exemple. En 1388, il épousa Barto-lommea Acciaiuoli, fille de Nerio II, duc d’Athènes, qu’un chroniqueur appelle « la plus belle des femmes de son temps ». Les fils de Manuel II, imitant leur oncle, épousèrent de même des princesses latines. Jean VIII, on le sait, prit pour femme Sophie de Mont-ferrat, Thomas s’unit à Catherine Zaccaria; Cons-