LES AVENTURES D’ANDRONIC COMNÈNE 129 la nuit la multitude monte la garde autour de la basilique, pour empêcher qu’on en arrache le fugitif. Au matin, on proposa de faire d’Isaac un empereur. Andronic averti revenait à ce moment en toute hâte. Mais il était trop tard ; la révolte devenait une révolution. La populace maintenant forçait les prisons, mettait en liberté les chefs de l’opposition, et, sous leur direction, s’organisait et s’armait. Isaac Ange, bien malgré lui, était proclamé basilcus, et ramené dans Sainte-Sophie, il y recevait la couronne des mains du patriarche. Enfin la multitude s’apprêtait à donner l’assaut au palais. Toujours courageux, toujours indomptable, Andronic tenta de résister. Résolument il fit tirer sur le peuple, et lui-même, du haut des créneaux, lança les premiers javelots. Mais ni ce déploiement do force, ni les belles paroles par lesquelles il essaya ensuite d’apaiserfla foule menaçante, n’eurent de succès. Sous les coups des assaillants, les portes de la résidence impériale cédèrent. Il ne restait à l’empereur d’autre parti que la fuite. Quittant en hâte son costume impérial, jetant ses brodequins de pourpre, et jusqu’à la croix que depuis des années il portait au cou comme un gage de la protection divine, la tête coiffée d’un bonnet pointu à la mode barbare, Andronic s’échappa et, pondant que la canaille en liesse mettait le palais au pillage, en hâte, avec sa femme et sa maîtresse, il gagna un petit port de mer à l’extrémité orientale dû Bosphore. Toujours impérieux et fier, jusque dans^a détresse, il exigea et obtint qu’on lui donnât un navire, avec lequel il pensait fuir en Russie. Mais un de ces brusques coups de vent, si fréquents dans la mer Noire, le rejeta au rivage; il s’y heurta aux émissaires lancés à sa pour- FIGURES 13YZANTINES. 2e sériô. 9