268 FIGURES BYZANTINES Anne de Savoie était vaincue. Jamais elle ne devait pardonner sa défaite â son vainqueur. Et celui-ci le sentait bien. Aussi eut-il pour premier soin de licencier la cour italienne de l’impératrice, de renvoyer tous ces étrangers et ces femmes qui avaient fait du gynécée un perpétuel foyer d’intrigues. En outre il s’efforça de soustraire le jeune empereur à la néfaste influence de sa mère, en l’envoyant résider à Thessa-lonique. Ce fut peine perdue. La princesse n’oublia jamais sa rancune. On la vit, toujours pleine de dédain pour Cantacuzène et ses amis, toujours sourdement hostile, entretenir une constante opposition au nouveau régime. Cantacuzène parle quelque part de l’amitié qu’elle lui témoignait : on a peine à croire qu’elle fut sincère et que lui-même ait pu la considérer comme telle. Sans doute, lorsqu’en 1351 son fils Jean qui, comme elle, détestait sournoisement le nouvel empereur, songea à répudier sa femme pour épouser la sœur du tsar serbe Etienne Douchan et à commencer, avec l'appui de l'étranger, la guerre contre Cantacuzène, Anne, à la prière du basileus, consentit à s’entremettre pour aplanir la difficulté; elle se rendit à Thessalonique, et, dit un chroniqueur, « elle rompit toutes les intrigues comme des toiles d’araignées ». C’est tout simplement qu’elle jugeait prématuré le coup de tête de son fils et qu’elle trouva dans les embarras de Cantacuzène l’occasion de lui arracher la promesse d’une prochaine abdication. Mais, comme son fils, elle attendait sa revanche. Elle l’eut