90 FIGURES BYZANTINES courses et tournois : la multitude, charmée par la grâce de sa nouvelle souveraine, l’accueillait par d’enthousiastes applaudissements. Comme tant d’autres princesses latines montées sur le trône de Byzance, Marie d’Antioche devait avoir une destinée tragique. « L’étrangère », comme la surnomma plus tard le peuple de Constantinople, devait, quelque vingt ans après, expier cruellement la bienvenue qui l’avait saluée. On voit quelle place importante les femmes tenaient dans cette cour des Comnènes. Jusque sur son lit de mort,Manuel pensait à elles. 11 avait une fièvre intense; tout le monde autour de lui le sentait perdu; le patriarche l'exhortait à considérer son état et à assurer le sort du fils mineur qu’il laissait. Lui répondait tranquillement que rien ne pressait, qu’il savait qu’il lui restait encore quatorze années à vivre et que ses astrologues lui affirmaient qu’avant peu, pleinement guéri, il reprendrait le cours de ses amoureuses aventures. Mais, dans cette société brillante, sceptique et corrompue, la figure la plus caractéristique, c’est assurément le cousin de l’empereur Manuel, le redoutable et séduisant Andronic Comnène. I Andronic Comnène est le type achevé du Byzantin du xii» siècle, avec toutes ses qualités et tous ses vices. De haute stature (il mesurait, dit-on, plus de six pieds), d’une force herculéenne et d’une incomparable élégance, il avait « une beauté; selon le mol