332 FIGURES BYZANTINES langue dos Romains » ils se nommaient Rodophilos ou Belthandros : ce qui pourrait faire supposer que ces appellations ne sont que la traduction de prénoms latins tels que Rodolphe ou Bertrand. Bien des mots et des usages d’Occident apparaissent en outre dans le roman : tels sont les termes de foiXxtovw (faucon), de 7:oÛ7îoXov (peuple), de XtÇi<5ç (homme lige). C’est un fait remarquable aussi de Voir le prince d’An-tioche prendre plaisir aü divertissement tout occidental de la chasse au faucon ; c’est une habitude toute féodale que la proposition que lui fait Bellhandros « de devenir son homme lige ». On observe encore que le Château d’Amour semble avoir son prototype dans la poésie provençale, et qüe la substitution enfin du vêtement de Chrysantza à celui de Phaidrocatza, le soir des noces, rappelle un peu la manière dont, dans le roman de Tristan et Yseult, la fidèle Brangien prend auprès du roi Marc la place de sa maîtresse. Il faut se garder pourtant d’attacher trop d’iim portance à ces ressemblances souvent superficielles. Assurément l’auteur du poème connaît les usages latins, et tout porte à croire que certains d’entre eux étaient répandus dans le monde grec â l’époque où il écrivait. Mais sous ce vêtement d’emprunt, la couleur générale demeure puremênt byzantine, et il est curieux de voir sous quel aspect caractéristique ce roman, postérieur aux croisades, nous présente la société de son temps. La religion d’abord y tient une très grande place. On a vu déjà quelle haine les personnages du roman éprouvent pour les païens et pour les infidèles. D’autres traits ne sont pas moins significatifs. Lorsque Beltbandros et Chrysantza retrouvent les cadavres de