216 FIGURES BYZANTINES do la corruption les resplendissantes et précieuses paroles de la sainte liturgie ». L’empereur Vatatzès cependant, malgré l’ardeur de sa passion, refusa, paraît-il, de se prêter aux vengeances de sa maîtresse. Les larmes aux yeux, il se contenta de dire avec un soupir : « Pourquoi voulez-vous que je punisse ce juste? Si j’avais su vivre sans opprobre et sans honte, j’aurais maintenu hors de toute atteinte la majesté impériale. Mais j’ai moi-même prêté le flanc aux insultes qui accablent ma personne et ma dignité. Je ne fais donc que récolter ce que j’ai semé. » Néanmoins, malgré la clémence voulue du prince, on s’arrangea à faire expier d’autre manière son audacieuse incartade au moine. « Il y eut, note Blem-mydès dans la curieuse autobiographie qu’il a laissée, beaucoup d’ennuis et de troubles. » Cela est assez vague. Il est certain du moins qu’en 1250 l’abbé était un peu en disgrâce. À ce moment, fort heureusement pour lui, l’arrivée en Orient des ambassadeurs pontificaux, et le besoin qu’on eut de l’érudition théologique et de l’éloquente dialectique du savant grec pour participer aux discussions du colloque de Nym-phaeon, vinrent très à propos lui rendre son crédit, et ainsi il évita, en somme, les fâcheuses conséquences du mauvais cas où il s’était mis en luttant contre la puissante favorite, « dont le nom seul, comme lui-même l’écrivait, inspire la terreur ». De toutes ces aventures retentissantes, que pensait l’impératrice Anne, si ouvertement négligée? On ne sait. En tout cas, son père Frédéric II ne paraît guère s’en être préoccupé, si tant est que le bruit en soit parvenu jusqu’à lui. Nous possédons, de l’année 1250,