82 FIGURES BYZANTINES Tout d’abord, la princesse pense beaucoup à elle-même : elle recommande que des prières perpétuelles soient dites à son intention, qu’on commémore l’anniversaire du jour où elle quittera ce monde. Elle n’a pas une moindre sollicitude pour l’empereur Alexis son mari, qui s’était associé à elle dans sa pieuse entreprise. Elle lui souhaite affectueusement de vivre de longues années encore, de remporter sur ses ennemis de glorieuses victoires ; elle entretient avec lui des rapports de si confiante intimité, qu’elle tient à le faire participer au gouvernement et au patronage du monastère. « A un homme extraordinaire, écrit-elle en parlant de lui, il convient de rendre des honneurs extraordinaires. » Un autre passage est plus curieux encore pour apprécier les sentiments intimes d’Irène et la hiérarchie de ses affections. C’était l’usage dans l’Église grecque, aux jours où revenait l’anniversaire de la mort des protecteurs d’une communauté religieuse, de célébrer en leur honneur une cérémonie commémorative, les [AVYif/.dcuva. Dans l’église magnifiquement illuminée, on disait un office spécial et des prières à l’intention des défunts, puis on servait à la communauté un repas plus copieux et plus soigné et, à la porte du monastère, on distribuait des aumônes aux pauvres. Irène a minutieusement indiqué tous ceux des siens pour qui cette commémoration devra être faite. Non seulement elle s’est préoccupée de ses parents déjà morts, de son père et de sa mère, de son beau-père et de sa belle-mère, mais elle a déterminé également ce qu'il conviendrait de faire un jour pour elle-même et pour ceux de ses proches qui, comme elle, étaient encore de ce monde, après que leur dernier jour serait venu.