FIGURES BYZANTINES sables de la mer », en face de ces grands seigneurs ambitieux, « qui rêvaient de l’empire de Byzance », on conçoit que la fille d’Alexis Comnène nous ait montré l’empereur son père « noyé dans une mer de I soucis. » Aussi, dès le premier contact, Latins et Grecs se regardèrent avec défiance, et l’antagonisme fondamental qui séparait les deux civilisations se manifesta par des soupçons mutuels, de continuelles difficultés, d’incessants conflits, de réciproques accusations de violence et de trahison. L’empereur était inquiet, — et non sans motif, — de la venue de ces croisés qu’il n’avait point appelés. Ne comprenant rien au grand mouvement d’enthousiasme qui, à la voix d’Urbain II, jetait l'Occident à la délivrance du Saint-Sépulcre, il ne voyait dans la croisade qu’une entreprise purement politique. Il connaissait surtout les Latins par les ambitieux projets que jadis Bobert Guiscard avait formés contre l’empire grec; et, quand il voyait parmi les chefs de la croisade le propre fils de son ancien adversaire, Bohémond, Alexis se défendait mal de la crainte de quelque coup de main sur Constantinople, et s’effrayait de toutes les convoitises qu’il soupçonnait ou devinait. Les croisés, de leur côté, ne firent rien pour diminuer ces inquiétudes do l’empereur. Beaucoup de grands barons oublièrent très vite le côté religieux de leur entreprise, pour ne plus songer qu’à leurs intérêts terrestres. Dans l’entourage même de Godefroy de Bouillon, on pensa un moment à prendre d’assaut Constantinople. Et à tout le moins, à l’égard d’Alexis, les chefs de la croisade se montrèrent pleins de mauvaise volonté, d’exigences, de hauteur et d’insolence.