180 FIGURES BYZANTINES On les goûtait fort à Constantinople, et la cour n’y prenait guère moins de plaisir que la foule toujours « avide de spectacles nouveaux ». Ce qu’une impératrice connaissait enfin, c’étaient les églises de la capitale, la splendeur des offices célébrés à Sainte-Sophie, « édifice admirable et divin, selon l’expression de l’historien Nicétas Acominate, que les mains de Dieu même ont miraculeusement élevé, comme sa première et sa dernière œuvre, église inimitable, image terrestre de la coupole céleste ». Et, sans doute, comme la plupart des visiteurs, la princesse allemande fut séduite par la beauté des chants liturgiques de l’église grecque, par le mélange harmonieux des voix, qui unissait les soprani aigus à des accents plus graves, par l’eurythmie des gestes et des génuflexions. Et sans doute elle goûta aussi, comme la plupart des étrangers, la superbe ordonnance des dîners somptueux qu’on offrait au palais impérial, de ces repas excellents et bien servis, entremêlés de spectacles de tout genre, « où, comme dit un contemporain, les oreilles, la bouche, les yeux étaient également charmés ». Et sans doute elle prit plaisir enfin au luxe des costumes, à la pompe des cérémonies, à tous ces raffinements de splendeur qui faisaient de la cour byzantine une merveille unique de richesse et d’élégance. Une chose pourtant déconcertait ceux qui pour la première fois visitaient Constantinople. C’était la mollesse de cette plèbe byzantine, de ce « peuple inerte», habitué à vivre des largesses impériales : et les Latins se sentaient peu de sympathie pour cette race, « au caractère sournois et rusé, à la foi corrompue ». Heureusement, pour se consoler des défauts de ses