PRINCESSES D’OCCIDENT A LA COUR DES COMNÊNES 4 79 allemande vint à Constantinople, et son chef, l’évêque de Würtzbourg, accommoda les choses à la satisfaction générale. Au mois de janvier 1146, Berthe de Sulzbach épousa enfin l’empereur Manuel Comnène et elle prit, en montant sur le trône, le prénom byzantin d’Irène, symbole sans doute de la paix rétablie entre son pays natal et sa nouvelle patrie. ★ * * Il y a quelque intérêt peut-être à chercher à entrevoir ici quelles pouvaient être, au moment où elle arrivait à Constantinople, les impressions d'une étrangère, transportée ainsi dans un monde tout nouveau. Pour nous en rendre compte, nous pouvons faire état de plusieurs descriptions assez curieuses qui nous montrent la capitale byzantine, telle qu’elle était vers le milieu du xii” siècle. L’une d'elles est pour nous particulièrement digne d'attention, en ce qu’elle est l’œuvre d'un Occidental, Eudes de Deuil, qui visita la ville des basileis en 1147, au lendemain même du mariage d’Irène avec Manuel. Le prestige de la cité impériale était grand en Occident. Il semble bien que la réalité ne démentait point cette attente. Par la beauté de son climat, par la fertilité de son sol, par sa richesse prodigieuse, Constantinople apparaissait aux Latins comme une ville incomparable. « C’est, dit Eudes de Deuil, la gloire de la Grèce : sa renommée est éclatante; en fait, elle est Supérieure encore à sa renommée. » (Graecorum gloria, fama dives et rebus ditior.) Le chroniqueur ne se lasse point de vanter la splendeur des palais, la magnificence des églises, la multitude des