L’IMPÉRATRICE IRÈNE DOUKAS 61 son idée, et elle prétendait transmettre lé trône, au détriment de son fils Jean, l’héritifer légitime, à sa fille préférée Anne ComnèHe et au mari de celle-ci, Nicéphore Bryenne, dont elle appréciait fort l'intelligence, l’éloquence, l’CSprit cultivé et les qualités littéraires. Il est probable qu’à ce sujet des orages éclataient parfois dans le ménage impérial, et Irène se plaignait volontiers d’être obligée maintenant d’accompagner trop souvent et en tout lieu son mari. Mais Alexis ne voulait rien entendre : et comme par surcroît l’habile surveillance dont l’entourait l’impératrice protégeait le prince, mieux que n’importe quelles précautions, contre les complots qui l’environnaient, à aucun prix il ne consentait à éloigner de lui « cette gardienne toujours en éveil, cet œil toujours ouvert Sur les intrigues ». Vainement les ennemis politiques d’Irène raillaient l’attachement conjugal que l’empereur avait maintenant pour sa femme. Jusque dans sa tente, jusque sur sa table, Alexis trouvait d’injurieux libelles, où on lui conseillait de renvoyer au gynécée cette souveraine dont la présence encombrait les camps. Bien n’y faisait. De jour en jour le prince subissait davantage l’influence d’Irène. C’est qu’aussi bien, comme le dit Anne Comnène, « elle était prompte à démêler ce qui convenait èn chaque circonstance, plus prompte encore à découvrir les intrigues des ennemis. Et ainsi, ajoute l’impérialé chroniqueuse, ma mère était, pour le basileus mon père, un œil ouvert durant la nüit, un garde incompatible pendant le jour, le meilleur antidote contre les dangers de la table, lë remède salutaire contre les périls qui naissent du repas. » Dans ce rôle Irène conservait au reste la