gothique pourrait donc à ce point de vue sembler une conception préétablie, dès le premier moment, sous tous ses aspects. Les œuvres qu’il a créées, comme la cathédrale d’Amiens, nous semblent jaillies en effet d’un seul bloc, sous l’impulsion d’une pensée créatrice. On oublie un peu trop ici qu’au moment où l’idée de l’architecture comptait déjà près d’un siècle d’existence, l’idée de la sculpture ne remontait guère qu’à une trentaine d’années. L’unité de l’art gothique, une fois cette réduction opérée, semble moins absolue. En tout cas elle n’est pas telle que l’on puisse voir dans la cathédrale gothique une conception d’un ordre rigoureusement logique, depuis l’idée fondamentale qui se trouve à sa base jusqu’à la sculpture qui orne les bords extrêmes de son pourtour. On peut dire en toute certitude qu’ une conception artistique et philosophique aussi vaste n’ était rien moins qu’une réalité, alors que vers 1 150 le système d’architecture avait déjà pleinement acquis sa réelle existence. La subordination de la sculpture à l’architecture était sans doute, en général, un fait accompli. Reste à savoir jusqu’à quel point elle pouvait être alors rigoureusement légitime, étant donné que les étapes de cette double évolution ne coïncident pas dans le temps. Il est à croire que la sculpture gothique vivait alors bien plus de sa vie propre que d’aucuns se l’imaginent, partant de cette idée légèrement préconçue de l’unité absolue de la conception gothique. En tout cas, on ne saurait nier que dans la seconde moitié du XIIe siècle, à l’époque 8