profondeurs sans voix de ces forêts de pierre. Aussi dut-elle peu à peu se dégager de la prison fossile dans laquelle était restée enclose jusqu’au bout la sculpture des reliefs romans. La scission avec le principe roman, en architecture, s’est accomplie en France rapidement et d’une manière décisive. La scission avec le système de la sculpture romane s’est opérée plus lentement ; toutefois, quant au principe fondamental, elle n’en fut pas moins absolve. L’épanouissemnt de l’architecture romane dans la première moitié du XIIe siècle en Bourgogne, dans le Languedoc, l’Aquitaine, est un des épisodes les plus singuliers de l’histoire de l’art. En ces régions de la France, un art décoratif composé d’éléments de style exotiques et de matériaux élaborés selon des procédés étrangers atteignit soudain le suprême degré de perfection et de raffinement. Le sculpteur français qui travaillait à Cluny et à Vézelay, à Toulouse et à Moissac usait de la même grammaire d’ornementation et du même dictionnaire technique que le tailleur de pierre syrien ou arménien de l’époque byzantine. Par une étrange ironie de l’histoire, l’art ornamental roman de la pierre, qui embrasse la moitié occidentale du Moyen âge chrétien, eut précisément, au point le plus occidental de l’Europe, ce caractère « oriental » que l’on chercherait en vain parmi les œuvres surgies à la même époque dans la capitale de l’Orient chrétien, à Constantinople. Ce n’est pas ici le lieu de nous arrêter sur les causes il