Un heureux hasard nous a laissé dans un bon état de conservation non seulement le plus remarquable portail de la plus fameuse cathédrale de cette époque, mais encore un humble portail de l’église villageoise de Saint-Loup de Naud (pl. XVl). Pour la fin du XIIe siècle, ce charmant portail est un témoignage aussi précieux que le sont les portails rustiques des églises de Villeneuve-L’Archevêque ou de Rampillon pour un art gothique d’une période plus tardive. Dans les sculptures du portail de Saint-Loup-de-Naud, on ne trouve certes pas ce degré de perfection que nous voyons à Chartres, mais les statues respirent la vie, l’énergie. Il y a quelque chose en elles d’immédiat dû au primitivisme d’une époque à sa naissance, et l’on y remarque moins les traces du maniérisme savant de l’ère romane. Il est curieux d’observer que deux figures appartenant au portail détruit de Corbeil, et conservées au Louvre (planches XVII-XVIIl), bien qu’elles soient probablement de la période 1170-1180, révèlent un niveau d’exécution plus élevé, un plus visible souci du maintien des traditions décoratives passées directement du relief roman au gothique de la première heure. Les figures de Corbeil, dans leur attitude compassée, dans leur sommeil majestueusement hiératique sont plus éloignées de ce souffle immédiat de la vie, que les statues, plus modestes, de Saint-Loup-de-Naud. C’est ce qui nous suggère en quelque sorte l’idée que l’élément propulseur, dans la formation de la sculpture 29