Peut-être est-ce en vertu de ces circonstances que les « statues-portraits » du XIVe siècle nous paraissent plus franches et en quelque sorte plus «classiques», au point de vue de la fidélité aux traditions du grand style, que les statues contemporains de madones et de saints. Peut-être est-ce pour cela que les statuettes des deux reines de Navarre accompagnées de leurs saintes patronnes, dans la collégiale de Mantes (pl. LXXXIX), qui sont déjà de 1350 environ, nous semblent fort antérieures. S’il y a aussi en elles une légère dose d’afféterie, cette dose en tout cas ne dépasse pas celle que l’on peut observer dans les statues de la fin du XIIIe siècle inspirées directement de Reims. M. André Michel a le grand mérite d’avoir étudié avec attention le remarquable moment que fut dans l’histoire de la sculpture française le règne du roi Charles V. Durant ce règne si court, l’activité des sculpteurs français et des sculpteurs venus des Flandres s’est concentrée à Paris, et moins autour de la construction d’une église qu’autour de la construction des châteaux du roi. « Les châteaux de Beauté-sur-Marne, de Saint-Germain, Plaisance, Saint-Ouen, Montargis, du Louvre, étaient abondamment ornés de sculptures qui firent l’admiration des contemporains et qui ne sont pas parvenues jusqu’à nous. Que ne donnerait-on pas pour les connaître ! » s écrie l’historien d’art français. Sous la direction de Raymond de Temple, grand architecte du Louvre, ont travaillé à la décoration sculp- 65