art idéaliste de Chartres n’a pas laissé de contribuer à ce que les statues de Reims, même dans leur tendance à émouvoir, gardent un sens purement français de la mesure. Toutefois, ce qu’il y avait en elle d’émotif, de dramatique, ce qui lui venait du nord et du nord-est, ne fit que se renforcer au cours du temps, et finit par atteindre son apogée avec Claus Sluter, qui marque à Dijon le triomphe de l’esprit et du goût étranger. Ces courants ne furent plus dès lors contre-balancés par ceux du sud ou du sud-ouest. Le sud et le sud-ouest de la France étaient séparés ou dévastés par la guerre. En outre depuis longtemps le sud et le sud-ouest avaient vu tarir cette tradition romane de la perfection abstraite en art, qui semblait si étroitement liée à l’art idéaliste de Chartres.
  Ce qui prouve encore une fois que l’importance de l’Ile-de-France comme creuset spirituel de la nation, dans lequel s’était opérée la fusion des divers éléments du Sud et du Nord, de l’Orient et de l’Occident, est pas qu’une simple métaphore. L’histoire de la sculpture française prouve, encore une fois, que les feux qui brillaient d’un si vif éclat au XIIIe siècle s’éteignirent cent ans plus tard et ne se rallumèrent à Paris qu’au moment où, vers la fin du XVe siècle et dans les premières années du XVIe, de nouveaux éléments de création s’étaient accumulés en diverses régions de la France.
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