le zèle fanatique des protestants, au XVIP les guerres des Flandres, et dans les autres parties de la France l’apparition d’autres goûts et d’autres modes qui méprisaient le passé, au XVIIIe siècle la rage des révolutionnaires, au XIXe l’avidité des entrepreneurs et le sans-gêne des restaurateurs. Qui donc aurait dit qu’au XXe siècle serait porté le coup le plus cruel en ce sens, et c’est pourtant ce qui s’est produit. Ce coup fut le plus cruel parce qu’il a frappé le monument le plus riche et le plus varié de la sculpture gothique française. La cathédrale de Reims s’est trouvée pendant quatre ans sous le tir quotidien des canons allemands. Parmi ses milliers de statues et reliefs, des centaines ont souffert, beaucoup ont été complètement anéantis. Le sort n’a pas épargné quelques-unes des status les plus célèbres! Cette guerre aux pierres sculptées fut réellement une guerre fratricide, puisque c’est à la sculpture de Reims plus qu’à toute autre, que se rattache la sculpture gothique allemande du XIIIe siècle. A l’armistice on eut généralement l’impression que la cathédrale n’était plus que ruines. Ce qui en subsiste ne tardera pas à être complété par une restauration aussi minutieuse que possible. Mais que ce qu’a tué le bombardement, il n’est guère probable que cela revive. La cathédrale de Reims n’est déjà plus en grande partie qu’un souvenir, par bonheur fixé en de nombreuses et excellentes photographies de détails et que peut compléter, — par suggestion, il est vrai — la vue actuelle de la cathédrale. 45